CHAPITRE DEUX

En tout cas, j’avais cru qu’elle n’était plus une apprentie vampire ; or, je voyais que sa Marque avait réapparu ! Ses yeux bleus et froids parcoururent la pièce et elle adressa une grimace méprisante aux novices qui la dévisageaient. Puis elle se tourna vers Darius et laissa sa main s’attarder sur la poitrine du combattant.

— C’est très gentil de m’avoir accompagnée jusqu’ici ! Tu as raison, je n’aurais pas dû prendre deux jours de vacances supplémentaires. Par les temps qui courent, mieux vaut rester sur le campus, sous ta protection. Comme tu seras en faction à la porte de notre dortoir, cela en fait l’endroit le plus sûr et le plus attirant de la Maison de la Nuit, ronronna-t-elle.

Bon sang, quelle allumeuse ! Si je n’avais pas été aussi surprise de la voir, je ne me serais pas gênée pour manifester bruyamment mon dégoût.

— Je dois reprendre mon poste. Bonne nuit, ma dame, dit Darius.

Il s’inclina, tel un chevalier romantique tout droit sorti du passé.

— C’est un plaisir de te servir, ajouta-t-il en lui souriant une dernière fois avant de quitter la cafétéria.

— Et ce serait un plaisir pour moi de te rendre service, dit Aphrodite d’une voix suggestive.

Elle pivota vers les élèves, qui la fixaient, bouche bée. Elle haussa un sourcil parfaitement épilé.

— Quoi ? On dirait que c’est la première fois que vous voyez la perfection incarnée. Hé, je ne suis partie que quelques jours ! Vous vous souvenez de moi ? Je suis la superbe garce que vous adorez détester.

Comme personne ne répondait, elle roula des yeux.

— Oh, peu importe !

Elle se dirigea vers le buffet et remplit son assiette de salade tandis que les discussions reprenaient.

Pour des observateurs non avertis, Aphrodite était toujours la même fille hautaine. Moi, je voyais à quel point elle était nerveuse et tendue. Je comprenais parfaitement ce qu’elle ressentait : je venais moi aussi d’affronter une foule hostile.

— Je pensais qu’elle était redevenue humaine... murmura Damien, mais sa Marque est revenue.

— Les voies de Nyx sont mystérieuses, déclarai-je, m’efforçant de paraître sage, en digne candidate au poste de grande prêtresse.

— Aphrodite est une sorcière, dit Shaunee, et on espérait un peu que Nyx lavait laissée tomber en effaçant sa Marque.

— On l’espérait plus qu’un peu, Jumelle, rectifia Erin.

Tout le monde dévisageait Aphrodite, qui, autrefois, était la plus populaire, la plus puissante et la plus cruelle des novices. Depuis quelle s’était mis la grande prêtresse Neferet à dos, elle subissait un ostracisme sans merci et n était désormais que l’élève la plus haïe de la Maison de la Nuit.

Les circonstances avaient voulu que nous devenions amies  – ou du moins alliées. Nous préférions cependant ne pas le crier sur les toits. Quoi qu’il en soit, je m étais inquiétée quand elle avait disparu, et quand Lucie était partie à sa recherche. Pendant deux jours, je n’avais eu aucune nouvelle ni de l’une ni de l’autre.

Mes copains —  Damien, Jack et les Jumelles  – la détestaient. Alors c’est un euphémisme de dire qu’ils furent désagréablement surpris lorsqu’elle s’approcha de notre table et s’assit à côté de moi.

— Ce n’est pas poli de fixer les gens de cette façon, dit-elle en s’attaquant à sa salade, même s’ils sont aussi beaux que moi.

— Qu’est-ce que tu fais, bon sang, Aphrodite ? souffla Erin.

— L’ennemie publique n° 1 déglutit et battit des paupières d’un air innocent.

— Je mange, idiote, répondit-elle d’une voix mielleuse.

— C’est une zone interdite aux garces, déclara Shaunee.

— C’est affiché ici, enchaîna Erin en désignant un panneau imaginaire.

— J’ai horreur de me répéter, mais pour une fois je vais faire une exception : allez au diable, Jumelles débiles !

— Arrêtez ! m’écriai-je.

Les Jumelles me lancèrent un regard mauvais, et mon cœur se serra : me détestaient-elles vraiment autant qu’elles en avaient l’air ? Cela me déprimait, mais je relevai le menton et leur rendis leur regard. Si je réussissais ma Transformation, un jour je serais leur grande prêtresse, ce qui signifiait qu’elles avaient tout intérêt à m’écouter.

— On en a déjà parlé. Aphrodite fait partie des Filles de la Nuit, désormais. Elle appartient également à notre cercle, grâce à son affinité avec la terre.

J’hésitai, me demandant si elle n’avait pas perdu son don en redevenant humaine, puis de nouveau novice.

— Vous l’avez acceptée parmi nous, et vous avez promis de cesser de l’insulter et de faire des remarques désobligeantes à son sujet.

— On a accepté ça, mais on ne s’est pas engagés à être ses amis, répondit Damien d’une voix atone qui ne lui ressemblait pas.

— Je n’ai jamais dit que je voulais être votre amie ! répliqua Aphrodite en faisant mine de se lever.

J’allais ordonner à Aphrodite de rester assise et aux Jumelles de se taire lorsqu’un bruit bizarre nous parvint du couloir.

— Qu’est-ce que... ? commençai-je.

À ce moment-là, une douzaine de chats déboulèrent dans la cafétéria en crachant.

À la Maison de la Nuit, les chats sont partout. Ils suivent les élèves, dorment avec eux et viennent se plaindre à eux. Le mien s’appelle Nala. En cours de sociologie des vampires, l’une des premières choses que nous avons apprises, c’est que les chats sont depuis toujours proches des vampires. Cependant je ne les avais jamais vus se comporter de cette façon.

Belzébuth, l’énorme matou gris des Jumelles, bondit sur le banc entre elles deux. Le poil hérissé, il avait doublé de volume et regardait la porte de la salle de ses yeux couleur ambre emplis de colère.

— Belzébuth, bébé, que se passe-t-il ? demanda Erin en essayant de le calmer.

Nala sauta sur mes genoux. Elle posa ses petites pattes au bout blanc sur mes épaules et gronda tout en regardant elle aussi la porte. Un bruit inhabituel provenait du couloir.

Soudain, je compris.

— Ce sont des aboiements, dis-je.

Alors, un animal qui ressemblait plus à un ours doré qu’à un chien déboula dans la cafétéria, suivi d’un garçon, lui-même talonné par des vampires adultes qui paraissaient extrêmement nerveux, dont Dragon Lankford, notre maître d’armes, Lenobia, notre professeur d’équitation, et plusieurs Fils d’Erebus.

— Je te tiens ! s’écria le garçon en attrapant la bête et en attachant une laisse à son collier en cuir rose orné de pics en argent.

Le chien cessa immédiatement d’aboyer, s’assit et le regarda en haletant.

— Oui, bien sûr. Maintenant, tu fais la bonne chienne ! lança l’adolescent.

Les chats, eux, ne s’étaient pas calmés : ils crachaient et sifflaient toujours.

— Tu vois, James, c’est ce que j’essayais de t’expliquer tout à l’heure, fit Dragon Lankford en observant le molosse, les sourcils froncés. Cet animal n’a pas sa place à la Maison de la Nuit.

— Stark, pas James, corrigea le garçon. Et moi, j’essayais de vous expliquer tout à l’heure que la chienne resterait avec moi. C’est comme ça. Si vous me voulez, il faudra l’accepter.

Je le trouvai étrange. Sans être ouvertement insolent, il ne s’adressait pas à Dragon avec le respect  – pour ne pas dire la peur  – dont faisaient habituellement preuve les novices à l’égard des vampires. Je regardai son vieux tee-shirt des Pink Floyd : il n’arborait pas d’insigne, si bien que je ne pouvais pas savoir dans quelle classe il était, ni depuis combien de temps il était marqué.

— Stark, intervint Lenobia, essayant de le raisonner. Ce n’est tout simplement pas possible d’introduire un chien sur ce campus. Tu vois bien à quel point il bouleverse les chats !

— Ils s’y habitueront, comme à la Maison de la Nuit de Chicago. En général, Duchesse ne les poursuit pas comme ça. Ce chat gris n’aurait pas dû la chercher.

— Oh, oh, murmura Damien.

— Ma parole, qu’est-ce que c’est que ce raffut ? lança Neferet en entrant dans la salle, superbe, sûre d’elle.

Le nouveau écarquilla les yeux, impressionné par sa beauté. C’était tellement agaçant ! Tout le monde restait toujours bouche bée devant Neferet, notre grande prêtresse... et mon ennemie jurée.

— Neferet, désolé pour le dérangement, dit Dragon en posant le poing sur la poitrine et en s’inclinant. Voici le nouveau novice. Il vient juste d’arriver.

— Cela n’explique pas ce que ceci fait là, dit-elle en désignant la chienne.

— Elle est avec moi, répondit le garçon Lorsque Neferet posa sur lui ses yeux verts envoûtants, il imita le salut de Dragon, puis il lui adressa un sourire de travers plutôt effronté.   

— C’est ma version d’un chat, déclara-t-il.

— Vraiment ? expliqua Neferet en haussant un fin sourcil acajou. Pourtant, elle ressemble étrangement à un ours. 

Ha ! Je n’étais pas la seule à le penser !

— Prêtresse, c’est un labrador, mais vous n’êtes pas la première à la comparer à un ours. Elle a des pattes aussi grosses que celles d’un ours. Regardez !

Sous mes yeux ébahis, il tourna le dos à Neferet.

— Tape-m’en cinq, Duch ! ordonna-t-il Obéissante la chienne leva sa patte massive et tapa dans la main de Stark. 

— Bon chien ! fit-il en lui caressant la tête Je devais bien admettre que c’était mignon Il pivota vers Neferet.

— Chienne ou ourse, elle est avec moi depuis que j’ai été marqué, il y a quatre ans, et pour moi elle est comme un chat.

— Un labrador ? demanda Neferet en examinant l’animal. Elle est affreusement grosse.

— Eh bien, oui. Duch a toujours été comme ça, prêtresse.

— Elle s’appelle Duch ?

Stark hocha la tête en souriant. Même s’il était en dernière année, j étais étonnée par l’assurance avec laquelle il parlait à quelqu’un d’aussi puissant qu’une grande prêtresse.

— C’est le diminutif de Duchesse.

Le regard de Neferet passa du chien au novice. Elle plissa les yeux.

— Quel est ton nom, jeune homme ?

— Stark.

Je me demandai si j’étais la seule à avoir remarqué que sa mâchoire s’était contractée.

— James Stark ?

— J’ai abandonné mon prénom il y a quelques mois. C’est juste Stark, maintenant.

Neferet se tourna vers Dragon.

— C’est le transfert que nous attendions de la Maison de la Nuit de Chicago ?

— Oui, prêtresse.

Lorsqu’elle s’adressa de nouveau à Stark, elle avait un sourire calculateur aux lèvres.

— J’ai entendu parler de toi, Stark. Il faudra que nous ayons une longue discussion, tous les deux.

Sans cesser de l’observer, elle fit signe à Dragon.

— Assurez-vous que Stark ait accès à tous les équipements de tir à l’arc vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Stark tressaillit légèrement. Cela n’échappa pas à Neferet, dont le sourire s’élargit.

— Bien entendu, ta réputation t’a précédé, Stark. Tu ne dois pas arrêter de t’entraîner parce que tu as changé d’école !

Chose étonnante, Stark parut soudain mal à l’aise. À la mention du tir à l’arc, son expression taquine et un peu sarcastique avait cédé la place à un air froid, presque mauvais.

— Je leur ai dit que j’avais arrêté la compétition, quand ils m’ont transféré, déclara-t-il d’une voix neutre. Je ne reviendrai pas sur ma décision.

— Tu parles des banales compétitions entre différentes Maisons de la Nuit ? demanda Neferet en laissant échapper un rire qui me donna la chair de poule. Peu m’importe que tu y participes ou non. N’oublie pas, je suis la porte-parole de Nyx ici, et je t’assure qu’il est important que tu ne négliges pas le talent que t’a donné la déesse. On ne sait pas quand Nyx pourrait avoir besoin de toi... et alors, il ne s’agira pas d’un stupide concours.

Mon ventre se noua : je savais qu’elle parlait de la guerre contre les humains. Stark, qui ne pouvait l’avoir comprise, parut soulagé, et son visage reprit sa nonchalance teintée d’insolence.

— Dans ce cas, pas de problème. M’entraîner ne me dérange pas, prêtresse.

— Neferet, que souhaitez-vous que nous fassions au sujet du... euh... du chien ? demanda Dragon.

Neferet hésita un instant, puis elle s’accroupit gracieusement devant le labrador doré. Celui-ci dressa les oreilles et renifla sa main avec curiosité. Belzébuth cracha d’un air menaçant ; Nala grogna. À cet instant, Neferet leva les yeux et croisa mon regard.

J’essayai de paraître impassible, mais j’ignore si j’y parvins. Je n’avais pas vu Neferet depuis deux jours, lorsqu’elle m’avait suivie après avoir annoncé qu’elle voulait déclarer la guerre aux humains pour les punir du meurtre de Loren, qui avait été son amant. Et le mien, mais cela était sans importance. Il ne m’avait pas aimée. C’est Neferet qui avait tout orchestré entre lui et moi, et elle savait que j’étais au courant. Tout comme elle savait que Nyx désapprouvait ses actes. Evidemment, le ton était monté...

En tout cas, elle m’avait brisé le cœur, et je la détestais presque autant que je la craignais. J’espérais que rien de tout cela ne transparaissait sur mon visage lorsqu’elle se dirigea vers notre table. D’un petit geste de la main, elle invita Stark à la rejoindre, ce qu’il fît, entraînant sa chienne. Le chat des Jumelles cracha une dernière fois avant de déguerpir. Je caressai Nala, espérant qu’elle n’allait pas péter les plombs. Neferet s’arrêta devant nous et s’adressa à Damien :

— Je suis contente que tu sois là, Damien. Tu montreras à Stark sa chambre, et tu lui feras visiter le campus.

— J’en serai ravi, Neferet, lui assura Damien, les yeux pétillants, alors qu’elle lui faisait un de ses sourires éblouissants.

Ensuite, elle se tourna vers moi.

— Zoey, voici Stark. Stark, voici Zoey Redbird, la dirigeante de nos Filles et Fils de la Nuit.

Nous nous saluâmes à la manière des vampires, le poing sur le cœur.

— Zoey, comme tu es en formation pour devenir grande prêtresse, reprit Neferet, je te laisse régler le problème du chien. Je suis sûre que grâce à l’une des affinités que t’a accordées Nyx tu aideras Duchesse à s’habituer à notre école.

Son regard glacial, fixé sur moi, disait tout autre chose que sa voix mielleuse, et notamment : « Souviens-toi que c’est moi qui commande ici, et que tu n’es qu’une gamine à ma merci. »

— Ça sera un plaisir pour moi, Stark, fis-je, un peu tendue.

— Excellent ! roucoula Neferet. Oh, Zoey, Damien, Shaunee et Erin, dit-elle en ignorant complètement Jack et Aphrodite.

Mes trois amis lui rendirent son sourire comme des imbéciles heureux.

— J’ai décidé de faire une réunion spéciale ce soir à dix heures et demie. Il est presque dix heures, alors finissez vite de manger. Je veux que les préfets y assistent.

— Nous y serons ! promirent-ils d’une seule voix.

— Oh, Neferet, dis-je en l’imitant, suffisamment haut pour que toute la salle nous entende. Aphrodite se joindra à nous. Comme Nyx l’a dotée d’une affinité avec la terre, nous avons convenu qu’elle avait sa place dans le conseil des préfets.

Je retins mon souffle, espérant que mes amis n’allaient pas me contredire.

Heureusement, à part Nala, qui cracha vers Duchesse, personne ne réagit.

— Comment Aphrodite pourrait-elle être préfet ? Elle ne fait plus partie des Filles et Fils de la Nuit, objecta Neferet d’un ton glacial.

— Ne vous ai-je pas prévenue ? lançai-je avec une fausse innocence. Je suis navrée, Neferet ! Toutes ces choses horribles qui se sont produites récemment me l’ont fait oublier, Aphrodite a rejoint les Filles de la Nuit. Elle ma juré, ainsi qu’à Nyx, d’obéir à notre nouveau code de conduite, et je l’ai admise dans notre groupe. J’ai pensé que votre souhait serait qu’elle revienne dans nos rangs et serve la déesse.

— C’est vrai, confirma Aphrodite, j’ai accepté de me conformer aux nouvelles règles. Je veux réparer mes erreurs passées.

J’attendis la réaction de Neferet en jubilant intérieurement. Elle était face à un sacré dilemme ! Si elle rejetait publiquement Aphrodite après que celle-ci avait clairement déclaré son intention de changer, elle passerait pour quelqu’un de cruel et mesquin. Or, pour Neferet, les apparences comptaient plus que tout.

La grande prêtresse s’adressa à l’assistance sans nous regarder, Aphrodite et moi.

— Quelle générosité de la part de Zoey, d’accueillir de nouveau Aphrodite au sein des Filles et Fils de la Nuit ! Elle n’ignore pas qu’elle sera tenue pour responsable de la conduite de sa... protégée. Mais notre Zoey ne semble pas avoir peur des responsabilités.

Elle me fixa quelques secondes, et je lus une telle haine dans ses yeux que j’en eus le souffle coupé.

— Prends garde à ne pas céder à la pression que tu t’infliges, Zoey chérie.

Puis son visage retrouva sa douceur et elle fît un sourire radieux au nouvel élève,

— Bienvenue à la Maison de la Nuit, Stark.

[La Maison de la Nuit 04] Rebelle
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